Le week-end dernier à La Rochelle, l'université d'été du PS avait lieu. Une rentrée politique pour la majorité mais aussi une bonne occasion de recommencer la contestation.
Ainsi plusieurs actions ont été menées au cours des jours. Quand je suis rentré, j'ai cherché des résumés et comme je n'ai vu que l'action des intermittents et des partisans de l'autoroute A 831, j'ai été vachement surpris. Certes, nous n'étions pas des milliers mais nous étions quand même plus de 500 dans les meilleurs moments. Devant ce manque d'information, j'ai décidé de partager avec vous les bons moments de ce week-end.
Week-end précédent l'université d'été.
J'ai décidé de prendre un week-end au bord de la mer et je flâne la journée du samedi dans La Rochelle. Comme à mon habitude, je me gare au parking de l'Encan. Pour ceux qui ne connaissent pas le lieu, le parking fait face au hall des congrès. Devant ce hall, il y a une grande place qui est d'habitude occupée par les skateurs et VTTistes qui s'entraînent à faire des figures. Ce jour, le bruit de leurs roulettes est agrémenté de bruits inhabituels : des bipers d'engins de levage, des cris d'ouvriers et des bruits métalliques. Des ouvriers sont en train de décharger des tas de barrières de sécurité.
Pensant à autre chose, je n'ai pas fait tout de suite le rapprochement avec l'évènement qui aurait lieu le week-end d'après.
Vendredi : jour d'ouverture de l'université d'été du PS
L'arrivée à La Rochelle se passe sans encombres. On réussit à se garer à l'Encan. Je réagis soudain. Les barrières sont installées dans une disposition anti-émeute. On remarque aussi quelques CRS qui patrouillent ça et là. On sent malgré tout que quelque chose se prépare et que tout le monde n'est pas tranquille !
Nous manifestons à l'initiative des collectifs Stop-TAFTA et France Palestine locaux devant la gare. Au cours de la distribution de tracts, nous avons l'occasion de voir, au milieu de la dizaine de RG qui surveillent le lieu, quelques visages connus dont Edwy Plenel avec qui nous échangeons quelques paroles.
Edwy Plennel, directeur de Mediapart
En cherchant un lieu pour nous restaurer, nous avons eu l'occasion de croiser Fleur Pellerin qui mangeait en terrasse et Stéphane Le Foll.
Ce dernier donnait une conférence décontractée à une série de journalistes qui buvaient ses paroles comme s'il était un messie. En s'intéressant un peu à ce qu'il disait, j'ai pu entendre qu'il justifiait les hausses des bonus aux actionnaires et la baisse des cotisations sociales. Un vrai discours de droite digne de notre gouvernement !
En revenant au parking, nous assistons à l'arrivée mise en scène des "pros Montebourg". Pectoraux en avant, tête haute, en ligne. Une attitude de conquérants avec la télé pour les filmer.
Encore une triste image de nos hommes politiques mais qui est terriblement représentative de la politique qu'ils mènent. En les voyant ainsi comme à la parade, je ne peux m'empêcher de peuser aux poissons que je regardais un peu avant nager dans les eaux troubles du port.
Les pros "Montebourg" ou la nage en eau trouble !
Samedi : journée sous tension aux côtés de la CGT
Dès l'arrivée à La Rochelle, on le sait. Les choses sérieuses ont commencé. Et autant vous dire qu'on ne rigole plus. En passant sur le pont à côté de la gare, on remarque des cars et camions de CRS en attente sur les terrains de la SNCF. Le parking de l'Encan ? Inaccessible. Sécurité de l'évènement et CRS veillent à ce qu'il n'y ait que des "badgés" qui passent.
Après avoir trouvé une place au parking Saint-Nicolas, on remarque que ce n'est pas que le parking de l'Encan qui est bloqué. C'est tout le quartier. L'aquarium (on apprend plus tard, via Mediapart, que des équipes de tir de précision sont en place sur le toit), l'hôtel Kyriad sont inaccessibles. De l'autre côté, les barrières remontent jusqu'au rond-point menant à CGR. La passerelle permettant de rejoindre le centre historique est relevée. Le centre des congrès est proprement inaccessible. En mode Bunker ! Je ne peux m'empêcher de sourire et de penser que le PS est vraiment un parti "proche" du peuple qu'il dirige.
La CGT est en place le long du port. Drapeaux, banderoles, scène, barbecue. Tout est prêt pour tenir la journée. Des représentants du PCF, du PG, de Solidaires, de la LDH, du collectif Stop TAFTA, du comité de soutien à la Palestine, des dockers, de la sécurité maritime, de l'association d'aide aux sans-papiers sont présents aux côtés de la CGT pour soutenir le mouvement et dénoncer la politique libérale que le gouvernement pratique sans scrupules en ce moment. Des représentants des sections de la Vienne, de Paris et d'autres régions sont présents.
Les groupes remplissent peu à peu la place. Des rencontres entre camarades se font sous le regard méfiant des CRS. On discute des luttes dans les usines, des projets catastrophiques que le gouvernement met en place, de la privatisation à tout va, de la dégradation des conditions de vie.
Après un moment, plusieurs prises de paroles de responsables ont lieu pour dénoncer les agissements de nos dirigeants.
Vues choisies du rassemblement
Pendant les discours des responsables, certains se sont postés postés le long du chemin qui mènent les participants à l'université afin de les invectiver et de leur rappeler ce qu'est une politique de gauche. Certains passent sans s'arrêter montrant un fort dédain pour cette masse populaire, d'autres choisissent d'accélérer le pas. Les plus courageux s'arrêtent pour discuter. Des discussions agitées se créent sur ce qu'est la gauche, ce qu'est le courage politique, leur avenir dans le PS et l'avenir du PS. Certains paraissent assez pessimistes sur leur participation aux projets du PS parlant de tensions entre responsables du parti et de future démission si rien ne change.
Discours de circonstance ou véritable prise de conscience ? Je ne peux le dire. Nous verrons ce qu'à l'avenir ces personnes feront. Mais n'ayons pas de fol espoir malgré tout ! Voyons si la confiance au nouveau gouvernement sera votée ou non.
Invectives et discussions
Devant "tant de monde" et de volonté d'exprimer une contestation, nous sommes vite repoussés par les CRS qui agrandissent, au cas où (on sait jamais, avec tous ces contestataires, ce qui peut se passer), le périmètre de sécurité. On perd vite un morceau de place, on recule les sonos, les drapeaux. Des fois que les "bien-pensants" qui restent toute la journée dans l'enceinte de l'université d'été nous entendent.
Pour plus de sécurité, les CRS joignent les barrières entre elles avec un lien en fil de fer. Méfions nous des vieux syndicalistes !
Les forces de l'ordre agrandissent le périmètre de sécurité
Pendant ce temps, les intermittents du spectacle et l'association d'aide au sans papiers mettent l'ambiance.
Les premiers sont soutenus par un groupe de musique, les Traines Savates, Une fanfare moderne et jazzy qui met du baume au cœur des manifestants.
Les seconds jouent des musiques africaines pour la plus grande joie de certains danseurs.
Un peu de musique dans ce monde de brutes et de faux semblants, ça fait du bien !
Milieu d'après midi, un regain d'activité est remarqué chez les CRS. Ces derniers mettent les armures, s'équipent des gaz. On apprend dans le même temps par les radios que le premier ministre, Manuel Valls a avancé son arrivée dans l'après-midi.
Des intermittents partent pour un comité d'accueil à la gare. Un autre groupe l'attend sur le chemin qui le mènera à l'université d'été du PS. Reconnaissons-lui tout de même un certain courage. Au lieu de monter dans le convoi qui l'attendait à l'entrée de la gare, il a décidé de se rendre à pied sur le site des réjouissances.
Je ne vous dirai pas qu'on l'a vu. On l'a plutôt deviné. Il était en effet entouré de tellement de gardes du corps, policiers en civil et journalistes que nous n'avons pas pu le prendre en photo. Les slogans contestataires et les chansons révolutionnaires ont repris de plus belle. Nous somme restés une partie de l'après-midi devant l'hôtel dans lequel il logeait.
C'est d'ailleurs le seul moment pendant lequel la presse s'est intéressée à nous. Mais on se demande pourquoi ils ont fait des prises de vues et interviews sachant qu'aucune de ces images n'est parue.
Au moment de l'arrivée de Manuel Valls à son hôtel
A noter, la présence en marge de notre rassemblement, de celui des "bonnets rouges". Une contestation qui appelle à sauver "nos entreprises" selon leurs propres termes. Mais en discutant avec eux, on se rend vite compte que ces personnes ont des revendications particulières, mettant en cause l'utilité des cotisations sociales, demandant des baisses de salaires, mettant l'échec de leurs entreprises (pour ceux qui sont responsables de petites structures) sur le dos des immigrés. Facile quand on est en détresse de chercher à mettre la faute sur plus faible que soit.
Certains camarades sont allés à leur rencontre pour tenter de leur expliquer qu'il ne fallait pas se tromper d'ennemis en essayant de leur prouver que les politiques d'austérité appliquées par les gouvernements successifs, la casse des conditions de travail et la casse des acquis sociaux sont principalement responsables de la situation des français, y compris de la leur. Espérons que ceux qui ont accepté de dialoguer avec nous ont réussi à comprendre quelques concepts nouveaux pour eux.
Fin du week-end.
Voici donc le résumé de ce week-end de contestation vu de l'intérieur. Comme je le disais au début de cet article, j'ai été surpris en regardant les résumés. Je n'attendais pas des milliers d'heures de reportages sur ce mouvement. Je suis quand même lucide. Les médias essayent toujours de marginaliser les initiatives de contestation sociales. Mais de là à n'avoir pas une seule minute sur tout un week-end !
La rentrée sociale et politique est dure pour l'opposition de gauche et promets une année qui va l'être encore plus. Mais malgré tout restons vigilants face à ce gouvernement libéral qui veut nous achever !
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