Une satisfaction en demi-teinte

Hier soir à Châtellerault, comme partout en France c'était la découverte des résultats du premier tour. Beaucoup de monde était présent afin de savoir l'orientation des votes de habitants de notre bonne ville. Savoir qui sera présent au second tour. Savoir qui aura le plus de chance de devenir maire. Savoir à quelle sauce nous allons être mangé pendant ces 6 prochaines années.

Des représentants de la liste FN sont dans un coin. Ils attendent leur tête de liste qui arrive rapidement entouré de sa garde rapprochée, personnages inquiétant du genre homme de main. Tout le début de la liste est présent impatient de connaître les résultats.

Au début, il y a aussi des représentants de la liste PS. Ils paradent un peu dans la salle où tout le monde est réuni. Ils sont sûrs de leur victoire.

Seul la liste Lutte Ouvrière et la liste UDI ne sont pas présentes. La première suit les résultats au niveau national, la seconde profite des salons de la mairie.

Tout le monde est dans la même position : l'attente des résultats.

Le tableau apparaît sur l'écran, les premiers surveillants de bureau de vote prennent la parole au micro. Les résultats tant attendus arrivent !

Les résultats avancent. Des sourires disparaissent sur certains visages.

Une équipe s'éclipse dans le couloir à côté. Celle du PS. Ils ne voulaient pas croire qu'un vote sanction serait possible. Et pourtant ils le subissent. Les questions fusent : "Mais qu'est-ce qu'on a loupé ?", "Pourtant on a été sur le terrain ! On a fait du porte à porte !", "Mais pourquoi ils nous ont pas fait confiance ?", "Pourquoi les ouvriers n'ont pas voté pour nous ?". Ils commencent juste à se rendre compte que ce qu'on leur disait dès le début de la campagne n'était peut-être pas si idiot. Leur problème a été François Hollande, président de la France, et sa politique libérale. Personne, surtout pas les ouvriers qu'ils espéraient rallier, n'a oublié que depuis que le gouvernement PS est là les avantages vont plus aux grands patrons qu'aux travailleurs.

Cependant, une équipe reste et est même plutôt contente.

Laquelle ? Le FN. Châtellerault n'échappe pas au mouvement national. L'équipe reste discrète mais on sent leur satisfaction. Jamais la tête de liste n'avait réussi à atteindre un tel score. Pour lui quoi qu'il fasse au second tour la victoire est totale : il fait rentrer de ses colistiers dans le conseil municipal. Il réclame son interview à France 3.

Une fois que chaque bureau a proclamé ses résultats, le maire sortant, Jean-Pierre Abelin, arrive sourire aux lèvres. Il se sait premier et savoure sa position vis à vis de son principal concurrent qu'est Michel Guérin. Il vient, serre des mains à la ronde et déclame les résultats généraux.

Pour résumer cette soirée, je dirais que les résultats ne sont pas étonnants. Je les attendais même.

La gauche socialiste se leurrait elle-même en disant que les habitants feraient la différence entre la politique nationale et la politique locale. Chose difficile à faire quand on voit tout ce que le gouvernement actuel fait pour nous écraser au profit des "grands". De plus, au vu de leur campagne, pendant laquelle ils n'ont fait que critiquer bassement le maire sortant, ils ne méritaient pas non plus de faire des scores exceptionnels. L'appel "chassons la droite" tant clamé par Hollande au cours de sa propre campagne ne marche plus et la liste l'a appris à ses dépends.

Le vote "sanction" m'a à vrai dire même fait plutôt plaisir. Mais la satisfaction reste en demi-teinte au vu de la progression du FN. Aussi bien au niveau local qu'au niveau national, il est dommage que les classes ouvrières et les classes moyennes après s'être fait duper par la droite et les socialistes, se fassent maintenant avoir par le FN. Un ennemi, pour eux, encore plus dangereux que les précédents prestidigitateurs qu'étaient l'UMP, le PS et autres partis du même genre. Réveillez-vous que diable ! Votez ce que vous voulez mais par pitié pas FN. Je n'ai pas envie de voir le fascisme, l'intolérance et l'insécurité monter dans notre beau pays. Je n'ai pas envie de voir un "4° Reich" s'installer. Surtout en France !

Il est dommage que ces votes ne se soient pas dirigés vers Patrice Villeret représentant Lutte Ouvrière. Il était pourtant le seul à représenter la gauche ouvrière.

Maintenant, commence la campagne pour le second tour.

La liste PS espère reprendre la main pendant la semaine. Comme on dit, l'espoir fait vivre.

Il y en a qui m'ont plutôt surpris. C'est la liste FN qui propose à l'UDI d'appeler à voter pour lui. Réflexion faite, ce n'est pas si bête. Ils espèrent échanger leur réserve de voix contre des sièges. Ils en auraient certainement plus via des tractations que via le second tour.

Jean-Pierre Abelin entame cette nouvelle semaine avec du baume au coeur. Il a refusé la proposition du FN. Il faut lui reconnaître ça. Il est plutôt droit dans ses bottes à chaque fois et décline toujours leurs propositions... et heureusement ! Il a de grandes chances d'être réélu.

Patrice Villeret, Lutte Ouvrière, appelle à voter blanc ou même à ne pas voter. Camarade, il n'est pas possible d'appeler à une telle chose. L'abstention est déjà énorme. Un tel appel peut décourager encore d'autres électeurs. Et si ils se découragent pour ce coup-ci, ils se décourageront aussi pour les autres élections. Il n'y a pas de raisons. Ne rendons pas les gens encore plus blasés et défaitistes de la politique qu'ils le sont !

A la semaine prochaine pour le deuxième tour. Je le suivrai à Laval afin de voir ce qu'il se passe là-bas.