Intrusion en terrain conquis : le meeting de Michel Guérin (PS)

Mercredi c'était la dernière ligne droite pour Michel Guérin, candidat PS à la mairie de Châtellerault, et son équipe. Pour voir un peu qui il y avait et ce qui se disait, j'ai pris mon courage à deux mains et j'y ai été. Autant vous le dire tout de suite : je n'ai pas été déçu !

La "rencontre" avec les châtelleraudais a lieu à la salle de l'Angelarde. La veille la salle était occupée par le maire sortant Jean-Pierre Abelin. Ce dernier avait pour animer sa soirée fait venir un groupe de danseur hip-hop. Vu les réactions de la presse, je ne m'attendais pas à voir un groupe de musique.

Quelle ne fut pas ma surprise en voyant ce groupe de musique africaine. Réfléchissons deux secondes, le candidat PS a dit que son adversaire avait fait venir des danseurs hip hop pour paraître plus jeune. Quelle signification peut-on donner à ce groupe ? L'ouverture au monde et l'acceptation des "minorités visibles" ? Je ne sais pas trop.

J'interromps là ma pensée et me dirige vers la salle.

La salle, pour ceux qui la connaissent, était dans la petite configuration. Trois rangées de sièges devant et les gradins. Malgré tout, ça représente 500 places. Ce n'est pas rien. La salle se remplit tranquillement. Au moment du commencement de cette "belle" soirée, quelques sièges restent sur les côtés et au fond. Mais le public s'étant réparti, l'illusion est là.

Comme dans la plupart des gros meetings, il y a une personne que l'on pourrait qualifier de chauffeur de salle - animateur de soirée. Celui-ci vous le verrez dans la vidéo joue son jeu à fond et annonce un peu à la manière de stars les différents intervenants. Il annonce le déroulé : prise de parole du candidat et des invités, retransmission de messages enregistrés et pour finir jeu du questions-réponses entre le candidat et le public. Tout est dit. On peut lancer la soirée malgré quelques petits ratés au début.

Enfin, tout le monde arrive sur scène. On a attendu un peu mas regardez moi ça. L'attente valait le coup. On retrouve de gauche à droite Ségolène Royal, Michel Guérin, Véronique Massonneau et Gilles Michaud. Les prises de paroles se feront dans cet ordre.

Ségolène Royal, qui passe en première, fait essentiellement la promotion de sa région, de son engagement pour la région. On assiste à un scoop en direct : elle annonce même qu'elle a déjà réfléchi à la manière dont la région pourrait participer au projet d'aménagement de l'école de gendarmerie et que des fonds sont disponibles...

Une réflexion : son poulain PS n'est pas encore élu. Le projet, que personne n'a vraiment compris, n'est pas encore lancé. Je ne suis même pas sûr qu'il soit finalisé. Et les fonds sont déjà débloqués ?

Une question alors : si Michel Guérin n'est pas élu, celui qui sera à la place de maire pourra-t-il utiliser ces fonds ?

Ensuite, elle critique ouvertement et longuement l'ancien maire. Allant jusqu'à dire ne l'avoir jamais rencontré.

Arrive le tour de Michel Guérin. Il remercie les châtelleraudais, ses invités, et Edith Cresson (ancienne maire de Châtellerault, première ministre de François Mitterand, ...). Il offre à cette dernière un bouquet de fleurs et passe un temps à nous vanter les mérites de cette dame.

Il attaque ensuite son discours qu'il veut "d'idées et non de critiques". Noble intention. Très vite ça dérape, vous pouvez l'imaginer autrement je n'en parlerai pas. Il critique à tour de bras le maire, sa première adjointe, sa manière de diriger la ville et les réalisations faites pendant son mandat.

Je vais finir par croire qu'il est jaloux de tout ce qui a été fait. Soyons honnête, Châtellerault n'est pas une ville palpitante mais on peut pas aller jusqu'à dire qu'elle est morose, terne et sans activités. Reconnaissons que les travaux engagés par l'actuel maire ont plutôt amélioré la ville et le cadre de vie que l'inverse comme se complaît à le dire le candidat.

Les idées, on peut vite en faire le tour. Toutes sont finalement assez vagues. Je vous les livre à peu près dans l'ordre :

• l'aménagement de l'école de gendarmerie pour en faire un campus de "l'internet appliqué aux entreprises". Projet très vague pour le coup. Pour avoir eu des impressions de différents soutiens de la liste sur ce projet, personne n'a compris ce qui allait être fait.
• l'aménagement des quais de Vienne. Bien. Très bien même. Mais projet déjà commencé par l'actuel maire.
• l'ouverture de la mairie sur la place et plus sur le côté. C'est vrai que c'est quand même une grande idée.
• améliorer la sécurité. Il prévoit l'installation de vidéo-surveillance. Il a donc prévu une dégradation de l'ambiance de la ville pendant son mandat !

Finalement, ça fait peu ! Sur 35 minutes de discours, les idées ne sont pas légions. Il est vrai que quand on a enlevé 15 minutes pour les remerciements et les hommages à Edith Cresson, et quand on en enlève facilement 10 de plus à critique l'actuel maire et ses actions, il ne reste pas beaucoup de temps pour présenter des idées.

Je vous ai fait un petit montage des différents discours de la soirée. Il n'y a pas que celui de Michel Guérin. Ce montage illustre leur conception du discours d'idées.

Ensuite, les intervenants sont Véronique Massonneau, député EELV, et Gilles Michaud, chef de section PRG.

Comme vous l'avez vu dans la vidéo, ils continuent dans la critique du maire actuel et de son équipe. Reconnaissons l'honnêteté de la député qui est la seule à avoir dit que quand même dans une ville ouvrière il fallait virer la droite de la mairie pour y mettre la gauche.

Gilles Michaud, rappelons le, c'est celui qui a fait perdre au PS les précédentes élections. Il avait créé une liste dissidente. Jean-Pierre Abelin profitant de cette séparation avait remporté les élections.

Alors entendre ce dernier faire un discours sur la réunion de la gauche derrière Michel Guérin fait doucement sourire. Les questions qu'il pose à la fin (cf vidéo) me font pour ma part beaucoup rire. Michel Guérin représente au local le PS. Ce dernier nous le voyons ces derniers mois mène une politique que l'on peut qualifier de ultra-libérale donc pas à gauche.

Jusque là, on ne peut pas dire que le discours comporte beaucoup d'idées. On est pour tous dans la critique du maire sortant et pour le PRG dans l'excuse d'avoir créé une scission aux dernières élections.

La seule, dans la soirée, à avoir eu un discours d'idée, un discours politique, est Marie-France Beaufils, sénatrice communiste et maire de Saint-Pierre-des-Corps.

Elle rappelle que le plus facile est de devenir maire. Mais au vu de la politique actuelle, elle prévient le candidat et son équipe qu'il ne sera évident de mener à bien les projets vu que l'état réduit de plus en plus les dotations aux régions. Un beau discours qui a remis quelques idées en place et qui a prévenu l'éventuel futur maire des difficultés qu'il rencontrera dans l'exercice de son mandat.

Vous pouvez retrouver son discours dans la vidéo ci-dessous.

Le dernier intervenant, un ancien représentant de la CGT et ami de Paul Fromonteil, vient lui aussi apporter son soutien à la liste. La liste ratisse large pour avoir des soutiens. Leur a-t-il été impossible de trouver un responsable de l'union locale de la CGT ? Non, bien sûr que non. Mais pour l'image de marque, pour compléter la caution de gauche, il était important d'avoir un représentant même ancien.

Je serais curieux d'avoir l'impression des militants de l'union locale.

Le moment tant attendu arrive. Nous allons pouvoir poser des questions et je vais essayer de poser la mienne : Michel Guérin, s'il est maire, signera-t-il la pétition commencée par des maires Front de Gauche et PS ? Rejoindra-t-il ce mouvement de contestation contre le gouvernement ?

Je n'aurai malheureusement pas ce loisir. Le candidat arrive au pupitre et au lieu de lancer le débat préfère le clore en invoquant l'heure déjà tardive du fait de la durée des discours. Il remercie tout le monde, mais oublie la communiste Marie-France Beaufils, et descends dans la foule pour serrer des mains au son d'un orchestre de jazz.

Déçu, je m'en vais esquivant du mieux que je peux le jeu du serrage de mains.

En résumé :

• un discours creux de la part du candidat et de la part des intervenants
• des projets vagues et pour ceux que l'on comprend, relativement chers
• une critique incessante et fatigante à la longue du maire actuel et de ses réalisations
• une utilisation du "je" dans son discours qui laisse penser à un ego surdimensionné et qu'il imposera sa vision des choses à son conseil

Pour ma part, cette soirée m'a conforté dans ma pensée : le PS a fait une campagne similaire à celle menée au national par Hollande. Critiquer, ne pas forcément présenter de projet, et appeler à un vote sanction contre la droite. La tactique a marché à l'époque. Mais le nouvel ennemi, c'est le Hollande et le PS. Donc vous. J'espère bien que le vote sanction sera contre vous au profit de la liste Lutte Ouvrière, seule liste qui garde son cœur à gauche.

Une question me reste encore : que sont partis faire dans cette liste des camarades du Parti Communiste ? Ils ne sont pas assez pour influer la politique que voudra mener le PS. A quoi servent-ils ? A part de caution de gauche pour ce PS qui se complait dans la droite.

Pendant ce temps, l'actuel maire assistait à la commémoration du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie et celle des victimes civiles et militaires de cet horrible affrontement.