Trop politique !

Publié par Le chef du Clan sur 25 Juillet 2014, 19:17pm

Catégories : #Politique

Tout a commencé un jour de juillet au conseil municipal de Châtellerault. Michel Guérin, chef de file de la liste PS, a justifié son abstention à un vote en prétextant que la délibération était "trop politique". La curiosité m'a alors poussé à lire plus en détail l'article. La délibération en cours au moment de cette "percée" socialiste portait sur la baisse des dotations que l'état accorde aux municipalités. Le maire, monsieur Abelin, proposait de voter une motion de soutien aux associations nationales des collectivités locales parmi lesquelles l'association des maires de France qui dénoncent cette baisse massive des dotations.

Je voudrais rappeler à ce conseiller municipal "d'opposition" que le mot politique vient du grec politikos. Dans son sens le plus large, ce terme peut être défini comme étant le cadre général d'une société civile organisée et développée. Ce cadre peut avoir différentes tailles :

- local : par exemple le fonctionnement d'une ville comme Châtellerault,

- national : le fonctionnement de la France

- multinational : le fonctionnement de l'Europe

- international : les relations et accords par exemple entre l'Europe et les Etats-Unis

Chaque cadre, du plus grand vers le plus petit, a une incidence sur le fonctionnement du suivant. Dans chaque cadre, la politique ne peut donc pas être que locale. Il faut faire avec ce que nous accorde le cadre précédent et lui signaler quand ses décisions ne permettent plus un fonctionnement correct du cadre duquel on s'occupe. Ce que vous proposait Mr. Abelin.

Je ne voulais pas me lancer dans une tirade à la Cyrano de Bergerac, mais quand même la réplique était un peu simple. Au lieu de dire que cette délibération était "trop politique", vous auriez pu dire la chose de moult manières :

- l'ignorant : "Excusez-moi mais je ne comprends pas les tenants et les aboutissants de ce que vous nous proposez, je m'abstiendrai donc."

- le militant PS outré : "Mais cher monsieur le maire, sachez que je n'ai aucunement l'intention de voter une motion qui va contre les décisions, nécessaires pour le salut de la France, que prend mon clan politique. Je voterai donc contre."

- le "dissident" PS : "Je comprends bien la teneur de la motion que vous proposez. Sachez que moi aussi je m'élève contre cette politique d'austérité que nous impose le gouvernement en dépit du bon sens. Je ferai donc comme mes camarades indignés à l'assemblée, je m'abstiendrai" (OK celle-là est plus pour l'humour que pour d'autres choses)

- opposant systématique : "Monsieur le maire, je ne veux en aucun cas que l'on m'associe à votre courant politique. Je ne voterai donc pas votre proposition de motion."

- ennuyé : "Comprenez, monsieur le maire, que je suis ennuyé face à la décision que vous me demandez de prendre. D'un côté, je comprends les inquiétudes que vous avez face à ces décisions de baisse de dotations. Mais d'un autre, je ne peux pas aller à l'encontre d'une décision de mon parti politique, même si celle ci n'est pas juste et équitable. Je suis face à un cas de conscience qui me forcera à m'abstenir plutôt qu'à me prononcer."

Voilà ce que vous auriez pu dire, monsieur le conseiller municipal. La justification aurait toujours été meilleure que "trop politique" et digne de quelqu'un qui s'occupe du fonctionnement d'une cité.

Mais en fait le problème au lieu d'être politique comme vous l'avez si fièrement clamé, n'était-il pas personnel ? N'est-ce pas plutôt un manque de courage qui vous a fait renoncer à prendre une position claire ? Un manque de courage qui vous a fait vous abstenir plutôt que de défendre les positions de votre clan politique ?

Dans ce même conseil municipal, un autre élu d'opposition a lui agi intelligemment faisant une scission avec votre "groupe d'opposition de gauche" et vous a volé la vedette ce jour là. Cet élu, c'est Pierre Baraudon (PCF) qui lui a eu le courage de se dresser contre la politique que mène votre PS en ce moment et qui a eu le courage de ses opinions. Au travers de ce geste, il a enfin repris une certaine indépendance vis à vis de votre groupe et je l'en félicite.

Voyez-vous, monsieur Guérin, j'aurais aimé vous voir à la manifestation pour la paix en Palestine. J'aurais eu l'occasion de venir vous dire tout ceci de vive voix. Mais vous n'étiez pas là. Dans le fond cela ne m'étonne guère, bien "trop politique" pour vous. Mais sachez que ce coup-ci, ce n'était pas qu'un engagement politique qu'il fallait pour venir à ce rassemblement. Il suffisait d'être humain et avoir du cœur. Mais à priori, même ces deux qualités vous manquent.